Citationsfrançaises la vraie science est une ignorance qui se sait : La vraie science est une ignorance qui se sait. Cherchez ici une citation ou un auteur Proverbes; Dictons; Auteurs; ThĂšmes; ThĂšmes voir tous; Toux; Plus; Tout ; Vers; Homme; Hommes; ĂȘtre; Voix; Sens; Amour; Jour; Jours; Amis; Gens; Comme; Auteurs voir tous Jacques Amyot 1593 Ă  80 ans
Produire son Ă©lectricitĂ© avec des centrales nuclĂ©aires prĂ©sente un bilan trĂšs contrastĂ© d’avantages et d’inconvĂ©nients. D’un cĂŽtĂ© la nĂ©cessitĂ© de maĂźtriser le risque d’une perte de contrĂŽle des rĂ©acteurs, la difficile gestion des dĂ©chets radioactifs, et pour ceux qui ne fabriquent pas eux-mĂȘmes rĂ©acteurs et combustibles une dĂ©pendance absolue vis Ă  vis des fournisseurs. De l’autre une Ă©lectricitĂ© abondante et pilotable, aux coĂ»ts qui peuvent ĂȘtre trĂšs compĂ©titifs
 ou non en fonction des situations. Une grande Ă©conomie de matiĂšres premiĂšres et d’espace. Des centrales pratiquement dĂ©nuĂ©es d’émissions de particules ou de gaz nocives pour la santĂ© et l’environnement. Une balance Ă  jauger en fonction des besoins et caractĂ©ristiques des pays et systĂšmes Ă©lectriques, ce qui peut aboutir Ă  dire oui ou non Ă  cette technologie. Toutefois, un aspect de l’énergie nuclĂ©aire semble sans contestation possible le fait qu’il permette l’accĂšs Ă  une Ă©lectricitĂ© Ă  trĂšs faible impact sur le climat – comparable, voire meilleure au MWh produit, Ă  l’éolien, au solaire ou Ă  l’hydraulique. Un avantage massif, au regard du charbon et du gaz, source de prĂšs de 70% de l’électricitĂ© mondiale et dont la combustion Ă©met du CO2, le gaz Ă  effet de serre n°1 des Ă©missions anthropiques provoquant le changement climatique en cours. Dans les scĂ©narios Ă©nergĂ©tiques, ceux examinĂ©s par le GIEC ou d’autres experts, le nuclĂ©aire fait donc partie des mix Ă©lectriques envisagĂ©s pour attĂ©nuer la menace climatique. L’ignorance des hostiles Mais cet aspect est-il un fait connu, partagĂ©, permettant un dĂ©bat public informĂ© sur le sujet ? Une Ă©tude sociologique rĂ©alisĂ©e par IPSOS pour le compte d’EDF depuis 2012 chaque annĂ©e semble montrer que non. Dans une mesure pour le moins alarmante pour qui souhaite une dĂ©cision citoyenne sur le sujet Ă©nergĂ©tique. A partir d’une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par internet 1, confirmant les ordres de grandeurs d’autres Ă©tudes, il est permis d’affirmer que l’ignorance rĂšgne plus que la connaissance de ce fait. Que nos concitoyens sont victimes d’une grande tromperie qui pĂšse sur leur rĂ©flexion. D’aprĂšs l’enquĂȘte IPSOS 75% des personnes se dĂ©clarant le plus hostiles Ă  l’électricitĂ© nuclĂ©aire croient que les centrales nuclĂ©aires contribuent beaucoup » Ă  l’effet de serre. L’ignorance est massive, puisque si l’on additionne les beaucoup » 44% et les un peu » 34%, on frĂŽle les 80% des sondĂ©s attribuant aux centrales nuclĂ©aires une responsabilitĂ© dans l’élĂ©vation de la teneur de l’atmosphĂšre en gaz Ă  effet de serre, et donc dans le changement climatique. MĂȘme une vision optimiste – pour l’état des connaissances de nos concitoyens – parvient quand mĂȘme Ă  constater que prĂšs de la moitiĂ© de la population se met le doigt dans l’Ɠil jusqu’au coude. Je crois donc je sais l’un des rĂ©sultats les plus frappant de l’enquĂȘte est la dĂ©pendance Ă  l’opinion de la diffusion d’une connaissance pourtant robuste, celle qui explique pourquoi le systĂšme Ă©lectrique français est dĂ©carbonĂ© » Ă  prĂšs de 90%. Un peu comme la situation amĂ©ricaine oĂč le vote DĂ©mocrate ou RĂ©publicain permet de prĂ©dire votre opinion sur la cause ou la rĂ©alitĂ© du changement climatique. L’enquĂȘte relie la position la plus hostile Ă  l’usage de l’électricitĂ© d’origine nuclĂ©aire avec l’ignorance la plus massive 75% des sondĂ©s se dĂ©clarant tout Ă  fait contre » l’utilisation du nuclĂ©aire croient que les centrales nuclĂ©aires contribuent beaucoup » Ă  l’effet de serre. La seule option de politique Ă©nergĂ©tique qui rassemble des personnes majoritairement informĂ©es de la vĂ©ritable liaison entre nuclĂ©aire et climat est celle qui se dĂ©clare tout Ă  fait pour » cette source d’électricitĂ©. Les opinions moins tranchĂ©es se distribuent entre ces deux extrĂȘmes. Un psycho-sociologue y verrait une magnifique illustration du biais de confirmation » qui encourage les individus Ă  Ă©carter toute information susceptible de mettre en cause leur croyance. Si l’on croit que l’énergie nuclĂ©aire, c’est mauvais, alors il faut qu’elle soit mauvaise aussi pour le climat
 que l’on veut prĂ©server. Le souci climatique est trĂšs fort Ce n’est pas par nĂ©gligence du dossier climatique que les sondĂ©s en arrivent Ă  partager massivement cette ignorance d’une des caractĂ©ristiques principales de l’électricitĂ© d’origine nuclĂ©aire. Ils sont en effet plus de 90% Ă  considĂ©rer le changement climatique comme trĂšs prĂ©occupant » ou assez prĂ©occupant ». Plus encore ils sont prĂšs de 90% Ă  considĂ©rer que pour choisir les Ă©nergies Ă  utiliser lutter contre le changement climatique » est soit trĂšs important » 49% soit plutĂŽt important ». On pourrait donc s’attendre Ă  ce que nos concitoyens fassent l’effort nĂ©cessaire pour comprendre l’origine premiĂšre du problĂšme – l’émission massive de gaz Ă  effet de serre issus de la combustion du pĂ©trole, du charbon et du gaz. Et donc se rendre compte de ce qu’une centrale nuclĂ©aire ne fait pas partie du problĂšme mais, Ă©ventuellement, de sa solution. Il convient toutefois de noter que cette enquĂȘte, aprĂšs d’autres, confirme que la population française n’est pas dans l’unanimitĂ© Ă  ce sujet. Une grosse majoritĂ© affirme, en accord avec les climatologues, que nous vivons un changement climatique anthropique, causĂ© par l’homme, mais ils ne sont que 67% en 2017 et n’étaient que seulement 55% en 2012. Plus on est jeune et plus on ignore L’analyse du dĂ©tail par tranche de population fait percevoir une dĂ©gradation de la culture scientifique inversement proportionnelle
 Ă  l’ñge. Plus on est jeune et plus on se trompe. Entre 18 et 24 ans, 63% de la population est persuadĂ©e du caractĂšre climaticide des centrales nuclĂ©aires. Et encore 55% des 25 Ă  34 ans. Curieusement, les jeunes sont aussi plus massivement convaincus que les vieux 75% des moins de 25 ans contre 50% des plus de 65 ans du caractĂšre anthropique du changement climatique. Autrement dit, la prĂ©occupation climatique ne conduit absolument pas Ă  la connaissance de la physique du climat, laquelle nous dit qu’une centrale nuclĂ©aire n’est pas une cause du changement climatique. Les femmes se distinguent mal, avec un score de 57% persuadĂ©es que les centrales nuclĂ©aires Ă©mettent beaucoup » de gaz Ă  effet de serre, mais c’est lĂ  un rĂ©sultat qui trouve sa source dans
 l’hostilitĂ© qu’elles marquent puisqu’elles sont 51% Ă  se dĂ©clarer tout Ă  fait contre ou contre leur utilisation, alors que seuls 39% des hommes sont dans ce cas. Le bilan des pour/contre » l’utilisation du nuclĂ©aire pour l’électricitĂ© est proche du match nul, avec 46% de contre contre 42% de pour. Les raisons invoquĂ©es par les uns et les autres pour choisir les Ă©nergies Ă  utiliser sont diverses emplois, protection de l’environnement, santĂ© publique, coĂ»t
 et lutter contre le changement climatique. Mais peut-on considĂ©rer que cette derniĂšre raison est envisagĂ©e Ă  bon escient lorsque tant de citoyens se trompent aussi lourdement sur la relation entre centrales nuclĂ©aires et Ă©missions de gaz Ă  effet de serre ? Le graphique ci-dessus montre en effet que les citoyens les plus soucieux de lutter contre le changement climatique sont Ă©galement les plus opposĂ©s au nuclĂ©aire. Une opinion qui serait tout Ă  fait respectable si elle ne s’accompagnait pas d’une ignorance largement partagĂ©e sur la vĂ©ritable relation entre nuclĂ©aire et climat. L’électricitĂ© allemande et française Pour comprendre l’enjeu de l’origine de l’électricitĂ©, une comparaison des systĂšmes Ă©lectriques allemand et français est utile. En voici une, effectuĂ©e le 10 avril Ă  prĂšs de 11h, au moment de l’écriture de cet article, Ă  l’aide d’un site web qui prĂ©sente en temps rĂ©el des systĂšmes Ă©lectriques et leurs Ă©missions de gaz Ă  effet de serre Ce jour lĂ  et Ă  cette heure lĂ , le systĂšme Ă©lectrique allemand est dans une situation assez reprĂ©sentative de ses performances moyennes, proche en termes d’émissions de gaz Ă  effet de serre de l’annĂ©e 2017 montre le graphique ci-contre. Avec 40% de renouvelables et 14% de nuclĂ©aire, il affiche une Ă©mission de CO2 de 387 g/kWh, due pour l’essentiel Ă  ses centrales Ă  charbon. Une performance menacĂ©e Ă  court terme, puisque toutes les centrales nuclĂ©aires seront fermĂ©es d’ici 2022 et il est peu probable que les renouvelables parviendront Ă  compenser toute la perte de production d’ici lĂ . Un graphique permet de mieux comprendre les Ă©missions de CO2 du systĂšme Ă©lectrique allemand et leurs Ă©volutions depuis 2000, de 640 g/kWh Ă  500 g/kWh en 2017 L’implantation de milliers d’éoliennes, de panneaux photovoltaĂŻques et l’usage massif de la combustion des dĂ©chets mĂ©nagers a permis une diminution des Ă©missions de CO2 du systĂšme Ă©lectrique allemand. Mais elles demeurent trĂšs Ă©levĂ©es comparĂ©es Ă  la France, la SuĂšde ou la NorvĂšge. A la mĂȘme heure et le mĂȘme jour, voici le systĂšme français. Avec son mix formĂ© surtout du nuclĂ©aire, de l’hydraulique, auquel s’ajoutent un peu d’éolien et de solaire, il est dĂ©carbonĂ© Ă  93% et n’émet que 60 g de CO2 par kWh. Une performance durable, puisque fondĂ©e sur des moyens de production susceptibles de se perpĂ©tuer pour des dĂ©cennies. Elle correspond Ă  celle que l’on attend en moyenne des systĂšmes Ă©lectriques des pays dĂ©veloppĂ©s d’ici 2050 si l’on veut s’approcher des objectifs climatiques fixĂ©s lors de la COP-21 Ă  Paris en 2015, limiter le rĂ©chauffement Ă  2°C de plus en moyenne planĂ©taire qu’avant la RĂ©volution industrielle. Elle pourrait toutefois se dĂ©grader si la diminution de la puissance nuclĂ©aire Ă©tait compensĂ©e par un mix gaz/renouvelables comme le prĂ©voit la loi sur la transition Ă©nergĂ©tique votĂ©e par le Parlement sous François Hollande. Un dĂ©bat public vĂ©rolĂ© Pourquoi la population française est-elle Ă  ce point dupĂ©e sur une caractĂ©ristique majeure et dĂ©cisive pour la politique climatique de son systĂšme Ă©lectrique ? La question interroge l’école, les formations supĂ©rieures, la presse, mais aussi les discours des responsables politiques et militants. Tout responsable politique doit se demander s’il s’exprime clairement sur ce sujet. Tout journaliste concernĂ© doit se demander si ce qu’il dit et Ă©crit ou pas contribue ou pas Ă  maintenir les citoyens dans cet Ă©tat d’ignorance ou Ă  l’informer correctement. Que l’on soit en dĂ©saccord avec l’utilisation de cette Ă©nergie parce que l’on n’est pas convaincu que les pratiques des industriels comme le dispositif public de contrĂŽle du risque nuclĂ©aire par l’AutoritĂ© de SĂ»retĂ© NuclĂ©aire sont efficaces pour nous protĂ©ger est respectable. Et peut constituer une raison pour refuser cette source d’électricitĂ©. Mais que le dĂ©bat public soit vĂ©rolĂ© par une ignorance aussi criante de la capacitĂ© de l’énergie nuclĂ©aire Ă  apporter une solution pĂ©renne et massive Ă  une fourniture d’électricitĂ© climato-compatible est une tare pour la vie dĂ©mocratique. Sylvestre Huet 1 EnquĂȘte IPSOS sur un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population de 1389 personnes de plus de 18 ans vivant en France, rĂ©alisĂ©e du 15 juin au 6 juillet 2017. Le questionnaire, l’analyse et les graphiques proviennent de JĂ©rome CubiliĂ© des Etudes et Recherches d’EDF.
La vĂ©ritĂ© est dans la contradiction." Friedrich Hegel. L’erreur, fondement de la vĂ©ritĂ© scientifique. Avertissement, nous ne voulons discuter ici ni des fausses sciences, ni des para-sciences, ni des pseudo-sciences, ni des magies, ni des conceptions religieuses des sciences, ni des menteurs et des trafiquants de la science, ni de la notion de fraude
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LabontĂ© n'est pas ignorance, c'est un savoir qui sait retrouver en chaque homme les Ă©nergies positives qu'il semblait avoir perdues. - Une citation de Roland Poupon. Citation CĂ©lĂšbre. Citations et proverbes â€ș Citations d'internautes â€ș Roland Poupon â€ș La bontĂ© n'est pas ignorance, c'est un savoir qui sait PensĂ©e de Roland Poupon sur Homme. Une citation LA VERTU S' ENSEIGNE-T-ELLE ? MĂ©non " Pourrais-tu me dire, Socrate, si la vertu s’acquiert par l’enseignement ou par l’exercice, ou bien si elle ne rĂ©sulte ni de l’enseignement ni de l’exercice mais est donnĂ©e Ă  l’homme par la nature ? " Autrement dit, existe-t-il des maĂźtres de vertu ? Sinon la vertu est-elle un don naturel ? Il ne s’agit pas, comme le fait MĂ©non, de multiplier les exemples de conduites vertueuses. Comment, en effet, rĂ©pondre Ă  la question de dĂ©part si on ne sait pas en quoi consiste la vertu ? Socrate montrera que les prĂ©tendus maĂźtres dans l’art d’enseigner la vertu se contredisent. Si elle Ă©tait vĂ©ritablement science, elle s’enseignerait. Peut-on alors la considĂ©rer comme un " bien " ? Être homme de bien, incarnĂ© l’excellence est-ce un don naturel quelque chose d’innĂ© ou bien est-ce l’effet d’une inspiration divine ? ProblĂšme rencontrĂ© est-il lĂ©gitime d’examiner la qualitĂ© d’une chose dont on ne connaĂźt pas l’essence la nature ? Les interlocuteurs cherchent, ici, Ă  savoir quelle qualitĂ© doit avoir la vertu pour ĂȘtre transmissible. RĂ©ponse proposĂ©e elle doit avoir le statut de science. Or le simple fait d’attribuer, par avance, Ă  la vertu la science comme qualitĂ© va entraver la bonne marche du dialogue. En prĂ©supposant qualitĂ© ce qui est proprement essence on compromet l’enquĂȘte. En ramenant l’essence au rang de qualitĂ©, le dialogue bloque, devient aporĂ©tique nous plonge dans l’embarras. Recourir Ă  la mĂ©thode dite des hypothĂšses permet de progresser dans le domaine mathĂ©matique mais ne peut convenir Ă  l’étude des valeurs morales. L’hypothĂšse, dans Le MĂ©non, ne s’enracine pas dans un terme supĂ©rieur qui lui servirait de fondement. D’oĂč la nĂ©cessitĂ© d’établir un solide dĂ©coupage dialectique, de bien connaĂźtre les articulations naturelles savoir dĂ©couper le tout en ses Ă©lĂ©ments premiers. ConnaĂźtre de façon discursive c’est aller logiquement des principes Ă  l’examen des consĂ©quences. On examinera attentivement l’extrait ci-dessous. Cf. Analyses et rĂ©flexions sur Platon, MĂ©non, Ellipses 1999. " La dialectique est l’art d’exposer des arguments et des preuves, l’art de raisonner extĂ©rieurement pour convaincre les autres, alors que la logique est l’art de bien diriger sa raison dans la recherche de la vĂ©ritĂ©, donc l’art de raisonner intĂ©rieurement Cependant branche de la philosophie, elle englobe l’art de raisonner tout entier, et la logique renferme alors la dialectique comme un moyen de communiquer aux autres la vĂ©ritĂ© qu’on a prĂ©alablement dĂ©couvert par un examen conduit selon des rĂšgles ". ENSEIGNER-IGNORER-CONNAITRE. Dans le MĂ©non, le fondement du savoir est recherchĂ©. On distinguera plusieurs Ă©tapes ne pas savoir qu’on ne sait pas savoir qu’on ne sait pas dĂ©sirer savoir savoir. Est ignorant celui qui est privĂ© de savoir. Celui aussi qui ne dĂ©sire pas savoir puisqu’il croit savoir. Il est cependant possible de rechercher ce qu’on ignore. MĂ©non " ce dont tu te souviens pas, c’est avec assurance que tu dois t’efforcer de le chercher et de te le remĂ©morer ". Cf. thĂ©orie de la rĂ©miniscence. La connaissance apparaĂźt ainsi comme le rappel d’un savoir jamais totalement effacĂ©. ParallĂšlement le dĂ©sir de savoir est une reconnaissance du vrai. Socrate nous en administre la preuve en interrogeant le jeune esclave de MĂ©non.ce dernier dĂ©tient, en effet, Ă  son insu un savoir. La communautĂ© de raison dĂ©signe, ici, une participation Ă  l’universel. La doxa est un savoir incertain elle peut ĂȘtre vraie, elle peut aussi ĂȘtre fausse. Ne pas confondre donc l’opinion fausse le prĂ©tendu savoir, l’ignorance qui s’ignore. l’opinion vraie une forme de savoir assez parcellaire, un intermĂ©diaire entre la science et l’ignorance. L’opinion droite – orthĂš doxa – ne peut donner raison de ce qui est su. La vertu, en ce sens, peut ĂȘtre une opinion vraie. la science opinion vraie capable de se justifier rationnellement ayant pleinement conscience de ce qu’elle sait, elle peut en rendre raison. La maĂŻeutique est une mĂ©thode d’éveil. L’interrogation pique au vif image de la raie-torpille. MĂ©non " Je suis tout engourdi, dans mon Ăąme comme dans ma bouche, et je ne sais que te rĂ©pondre ". Socrate " Ce n’est pas parce que je suis moi-mĂȘme Ă  l’aise que je mets les autres dans l’embarras, au contraire, c’est parce que je me trouve moi-mĂȘme dans un extrĂȘme embarras que j’embarrasse aussi les autres ".
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MĂȘme encore jeune, on s’aperçoit que la vie passe vite et qu’elle dĂ©pend de nos choix. Qu’il nous appartient d’ĂȘtre heureux et que, selon notre rapport aux autres, nous en apprĂ©cions le goĂ»t ou nous le perdons. Que l’argent participe au bonheur, mais qu’il est le pire poison lorsque nous nous en servons pour remplacer » l’autre, pour nous mettre Ă  l’abri de lui ou ne pas en dĂ©pendre, pour nous en protĂ©ger ou le fuir, nous le savons tous par expĂ©rience. La source d’une sagesse ou d’une morale ? En racontant une histoire Ă  ses disciples Il Ă©tait une fois
 », celle de l’homme riche et du pauvre Lazare, JĂ©sus va plus chemins des deux protagonistes se croisent Ă  leur mort ; parfois, il nous arrive de le constater dans d’autres existences, bien avant. Nous pouvons ĂȘtre ainsi, de notre vivant, les tĂ©moins de renversements de destins et de cette opposition riche-pauvre qui marque tellement nos histoires. Nous apprenons ainsi Ă  nous mĂ©fier du dĂ©sir de tout faire pour ĂȘtre riches et Ă  connaĂźtre le prix du ou d’un rĂ©cit que propose JĂ©sus Ă  notre rĂ©flexion est fort, car rĂ©aliste. Dans son principe de fonctionnement, d’accumuler toujours plus de la richesse et de la garder, le riche » – il n’a pas de nom, c’est un archĂ©type, c’est nous dans notre dĂ©sir de toute-puissance par le biais de l’argent – rĂ©siste ; il ne s’avoue pas vaincu, discute, essaie de nĂ©gocier jusqu’au bout. Son problĂšme n’est peut-ĂȘtre pas d’ĂȘtre riche, mais de l’ĂȘtre dans l’excĂšs en tĂ©moignent son attitude hautaine et sa maniĂšre ostentatoire de manifester sa richesse par le luxe de ses vĂȘtements il Ă©tait vĂȘtu de pourpre et de lin fin ». À aucun moment ne se manifeste chez lui le moindre sentiment de la richesse de Lazare, c’est son nom, qui dĂ©finit son identitĂ©, sa façon d’ĂȘtre au monde et aux autres en hĂ©breu, Dieu vient Ă  mon aide ». Sa pauvretĂ© Ă  l’origine de sa maladie et la conscience de son manque » face Ă  l’existence, il les connaĂźt, les Ă©prouve, mais, surtout, ils lui permettent de comprendre que, pour vivre, on a absolument besoin des autres. Sa richesse, c’est de savoir ce que le mot dĂ©tresse veut dire ; sa cruelle situation le rend sensible Ă  la fragilitĂ© de l’existence, Ă  l’espoir de l’échange et du partage avec l’ la bouche de JĂ©sus, le rĂ©cit est plus qu’un simple avertissement face aux incertitudes de la vie et aux bouleversements qui peuvent s’opĂ©rer dans notre vie, lorsque l’on se prend au piĂšge du dĂ©sir d’ĂȘtre riche pour ĂȘtre riche. Pour lui, la vraie vie est celle qui se construit avec les autres, dans une solidaritĂ© qui est une fraternitĂ© sans frontiĂšres. Deux actualitĂ©s parmi d’ premiĂšre, c’est la tentation des pays riches de se protĂ©ger des migrants qui veulent Ă©chapper Ă  la terreur de la guerre ou Ă  la misĂšre de leur pays. MĂȘme si toute politique nĂ©cessite une prise en compte des rĂ©alitĂ©s dans leur complexitĂ©, la redistribution mondiale des richesses et les bouleversements entraĂźnĂ©s par les nouveaux rapports de force imposent aux plus riches de secourir les plus pauvres. Un chiffre on compte aujourd’hui 50 millions d’enfants dĂ©racinĂ©s. Nous sommes tous des citoyens du monde ; nous avons une responsabilitĂ©. L’annĂ©e Ă©lectorale qui s’ouvre en France va nous obliger Ă  rĂ©agir aux propositions des candidats, Ă  leur vision du monde et de l’avenir de la seconde actualitĂ©, c’est l’attitude de l’Église face aux dĂ©tresses de notre temps. Des PĂšres de l’Église ont vu en Lazare une raison de s’interroger quant Ă  l’implication de l’institution. Que diraient-ils aujourd’hui ? Il y a bien sĂ»r la situation internationale, mais il y a aussi les situations individuelles de dĂ©tresses, ici ou lĂ , Ă  l’image des ulcĂšres sur le pauvre corps de Lazare, qu’il s’agit d’entendre et de secourir. Et, parmi elles, tous ceux ou toutes celles qui sont condamnĂ©s Ă  cause des prĂ©jugĂ©s tenaces, des ignorances entretenues ou des replis moraux au nom d’une bonne monde, Ă  commencer par l’Église avocate de l’humanitĂ© dans ce monde, est face Ă  un dĂ©fi majeur les nouvelles pauvretĂ©s, collectives ou individuelles. La rĂ©ponse, Ă  la hauteur de celui de l’homme riche dans le rĂ©cit de JĂ©sus, c’est un vĂ©ritable saut Ă  opĂ©rer, celui de l’amour de l’autre. Pas seulement une question de sagesse ou de moralitĂ©. Ou de politique. Mais une question de foi, dans celle de l’amour qui trouve sa source dans celui d’un Dieu PĂšre. VoilĂ  la parole » de JĂ©susFils, comme une graine plantĂ©e dans la terre de notre ĂȘtre vivant, qui ne demande qu’à grandir.
LaCulture de l’ignorance. Raison PrĂ©sente, la revue de l ‘Union Rationaliste a publiĂ© en mars 2018 un copieux dossier sur «la culture de l’ignorance». DerriĂšre cet apparent jeux de mots se trouve une interrogation ainsi rĂ©sumĂ©e par les deux co-ordinateurs du dossier, le philosophe Mathias Girel (1) et la physicienne MichĂšle Leduc
Rien n’égale la timiditĂ© de l’ignorance, si ce n’est sa tĂ©mĂ©ritĂ©. Quand l’ignorance se met Ă  oser, c’est qu’elle a en elle une boussole. Cette boussole, c’est l’intuition du vrai, plus claire parfois dans un esprit simple que dans un esprit compliquĂ©. Victor HugoLe Dico des citations Lediscernement critique kantien consiste, notamment, Ă  distinguer entre le subjectif : le « tenir-pour-vrai » (FĂŒrwahrhalten) et l’objectif : les conditions objectives du « savoir-vrai ».AppliquĂ© Ă  la croyance, dont les trois degrĂ©s sont pour lui l’opinion, la foi et la science, on observe que la premiĂšre est une croyance qui se sait insuffisante tant subjectivement qu 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID pCk-HawUgM8LUFMQFXjHS1BSzYPgsyVUv-mHLNHyzN3CWbOatwBuVA==
puissentse rencontrer avec la science de la Religion. PlĂ»t Ă  Dieu que les faits prouvassent moins souvent le contraire ! Ce que Nous affirmons, c’est que, chez les hommes dont l’intelligence est enveloppĂ©e des tĂ©nĂšbres d’une Ă©paisse ignorance, il ne saurait subsister de volontĂ© droite ni de mƓurs pures. Celui qui marche les yeux
Biographie - Confucius Philosophe chinois. Naissance -551 - DĂ©cĂšs -479PĂ©riodeVe siĂšcle av. siĂšcle av. de naissance Chine La vraie connaissance est de connaĂźtre l'Ă©tendue de son ignorance. Traduction Anglais, Allemand Voir aussi... Citations sur l'ignorance Citations sur la connaissance Confucius a dit aussi... Une citation est une phrase sortie de son contexte. Pour mieux la lire et la comprendre, il convient donc de la restituer dans l'Ɠuvre et la pensĂ©e de l'auteur ainsi que dans son contexte historique, gĂ©ographique ou philosophique. Une citation exprime l'opinion de son auteur et ne saurait engager le site Attribution de l'image titre, auteur, licence et source du fichier original sur WikipĂ©dia. Modifications des modifications ont Ă©tĂ© apportĂ©es Ă  cette image Ă  partir de l'image originale recadrage, redimensionnement, changement de nom et de couleur. Abonnez-vous Ă  la Citation du Jour par email Pour recevoir une citation tous les jours envoyĂ©e par email, entrez votre adresse Email et cliquez sur envoyer. C'est gratuit, sans spam et vous pouvez vous dĂ©sinscrire Ă  tout moment. Enfaisant de l’ignorance une passion, Lacan faisait plus que de reconduire le lien traditionnel qui veut que la passion soit une manifestation de l’ignorance. Avec la notion de savoir insu, la psychanalyse change le statut de l’ignorance et la situe comme passion du transfert, avec l’amour et la haine. L’ignorance tĂ©moigne alors d’un fait de structure Les citations de Michel de Montaigne À chaque pied son soulier. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 La vraie science est une ignorance qui se sait. Michel de Montaigne ; Les pensĂ©es diverses 1580 Quand le faire et le dire vont ensemble, c'est une belle harmonie Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il n'est pas de passion qui Ă©branle tant la sincĂ©ritĂ© des jugements comme la colĂšre. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il n'est rĂ©plique si piquante que le mĂ©pris silencieux. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 La plus expresse marque de la sagesse, c'est une Ă©jouissance constante. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Le gain de notre Ă©tude, c'est en ĂȘtre devenu meilleur et plus sage. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 L'obstination et ardeur d'opinion est la plus sĂ»re preuve de bĂȘtise. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 La parole est moitiĂ© Ă  celui qui parle, moitiĂ© Ă  celui qui Ă©coute. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il n'est rien qu'on doive tant recommander Ă  la jeunesse que l'activitĂ© et la vigilance. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il n'est dĂ©sir plus naturel que le dĂ©sir de connaissance. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il faut apprendre Ă  souffrir ce qu'on ne peut Ă©viter. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Qui craint de souffrir, il souffre dĂ©jĂ  de ce qu'il craint. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Il ne faut pas laisser au jugement de chacun la connaissance de son devoir. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 De toutes les vanitĂ©s, la plus vaine c'est l'homme. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 La vraie libertĂ©, c'est de pouvoir toute chose sur soi. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 L'amitiĂ© se nourrit de communication. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 L'Ă©loquence fait injure aux choses qui nous dĂ©tourne Ă  soi. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Le monde n'est que babil et ne vis jamais homme qui ne dise plutĂŽt plus que moins qu'il ne doit. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Le silence et la modestie sont qualitĂ©s trĂšs commodes Ă  la conversation. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Savoir par cƓur n'est pas savoir, c'est tenir ce qu'on a donnĂ© en garde Ă  sa mĂ©moire. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Toute autre science est dommageable Ă  celui qui n'a la science de la bontĂ©. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Toute Ăąme s'Ă©largit d'autant plus qu'elle se remplit. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Quiconque aura sa vie Ă  mĂ©pris se rendra toujours maĂźtre de celle d'autrui. Michel de Montaigne ; Les essais 1580 Rien de noble ne se fait sans hasard. Michel de Montaigne ; Les essais 1580
Leurenseigner que la science est un grimoire Ă  mĂ©moriser n’est pas la bonne mĂ©thode. Je travaille actuellement Ă  une Ă©dition de L’Ignorance destinĂ©e Ă  accompagner les fastidieux manuels scolaires pendant les cours de science dispensĂ©s aux adolescents de 15 Ă  18 ans. Cet ouvrage leur enseignera que la science, c’est ce que l’on ignore, plutĂŽt
Le concept de vĂ©ritĂ© », compris comme dĂ©pendant de faits qui dĂ©passent largement le contrĂŽle humain, a Ă©tĂ© l’une des voies par lesquelles la philosophie a, jusqu’ici, inculquĂ© la dose nĂ©cessaire d’ prestige de la science a longtemps tenu au fait qu’on lui confĂ©rait le pouvoir symbolique de proposer un point de vue surplombant sur le monde assise sur un refuge neutre et haut-placĂ©, sĂ»re d’elle-mĂȘme, elle semblait se dĂ©ployer Ă  la fois au cƓur du rĂ©el, tout prĂšs de la vĂ©ritĂ© et hors de l’humain. Cette image est aujourd’hui dĂ©passĂ©e. Nous avons compris que la science n’est pas un nuage lĂ©vitant calmement au-dessus de nos tĂȘtes elle pleut littĂ©ralement sur nous. Ses mille et une retombĂ©es pratiques, qui vont de l’informatique Ă  la bombe atomique en passant par les vaccins, les OGM et les lasers, sont diversement connotĂ©es et diversement apprĂ©ciĂ©es ici, ce que la science permet de faire rassure ; lĂ , ce qu’elle annonce angoisse. Tout se passe comme si ses discours, ses rĂ©alisations et ses avancĂ©es devaient constamment ĂȘtre interrogĂ©s, systĂ©matiquement mis en ballotage. 2Certes, cette situation n’est pas vraiment nouvelle ni spĂ©cialement postmoderne » Ă  bien regarder en arriĂšre, on constate que chaque fois que la science nous a permis d’agir librement sur des aspects de la rĂ©alitĂ© qui s’imposaient jusqu’alors Ă  nous comme un destin, l’angoisse de commettre un sacrilĂšge et la peur de sortir des contours de notre nature se sont exprimĂ©es de maniĂšre spectaculaire ainsi quand GalilĂ©e ouvrait Ă  l’intelligibilitĂ© d’un univers oĂč les mĂȘmes lois valaient sur la terre comme au ciel ; ou quand Darwin inscrivit l’homme dans la chaĂźne de l’évolution des espĂšces ; a fortiori quand, aujourd’hui, le gĂ©nie gĂ©nĂ©tique, la procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e, les nanotechnologies ou la biologie synthĂ©tique nous permettent d’obtenir de la vie biologique des effets dont elle paraissait incapable. 3Reste que la puissance de dĂ©voilement de la science et l’impact des techno-sciences sur les modes de vie provoquent dĂ©sormais des rĂ©actions de rĂ©sistance qui semblent de plus en plus fortes, qu’elles soient d’ordre culturel, social ou idĂ©ologique ces rĂ©actions peuvent ĂȘtre le dĂ©sir de rĂ©affirmer son autonomie face Ă  un processus qui semble nous Ă©chapper ; ou bien l’envie de dĂ©fendre des idĂ©aux alternatifs contre la menace d’un modĂšle unique de comprĂ©hension ou de dĂ©veloppement ; ou bien encore la volontĂ© de rendre sa pertinence au dĂ©bat dĂ©mocratique quand la complexitĂ© des problĂšmes tend Ă  le confisquer au profit des seuls et sociĂ©tĂ© un rapport ambivalent4Notre rapport Ă  la science est Ă  l’évidence devenu ambivalent. Cela peut se voir sous forme condensĂ©e en mettant l’une en face de l’autre les deux rĂ©alitĂ©s suivantes d’une part, la science nous semble constituer, en tant qu’idĂ©alitĂ© c’est-Ă -dire en tant que dĂ©marche de connaissance d’un type trĂšs particulier qui permet d’accĂ©der Ă  des connaissances qu’aucune autre dĂ©marche ne peut produire, le fondement officiel de notre sociĂ©tĂ©, censĂ© remplacer l’ancien socle religieux nous ne sommes certes pas gouvernĂ©s par la science elle-mĂȘme, mais au nom de quelque chose qui a Ă  voir avec elle. C’est ainsi que dans toutes les sphĂšres de notre vie, nous nous trouvons dĂ©sormais soumis Ă  une multitude d’évaluations, lesquelles ne sont pas prononcĂ©es par des prĂ©dicateurs religieux ou des idĂ©ologues illuminĂ©s elles se prĂ©sentent dĂ©sormais comme de simples jugements d’ experts », c’est-Ă -dire qu’elles sont censĂ©es ĂȘtre effectuĂ©es au nom de savoirs et de compĂ©tences de type scientifique, et donc, Ă  ce titre, impartiaux et objectifs. Par exemple, sur nos paquets de cigarettes, il n’est pas Ă©crit que fumer dĂ©plaĂźt Ă  Dieu ou compromet le salut de notre Ăąme, mais que fumer tue ». Un discours scientifique, portant sur la santĂ© du corps, a pris la place d’un discours thĂ©ologique qui, en l’occurrence, aurait plutĂŽt portĂ© sur le salut de l’ñme. 5Mais d’autre part – et c’est ce qui fait toute l’ambiguĂŻtĂ© de l’affaire –, la science, dans sa rĂ©alitĂ© pratique, est questionnĂ©e comme jamais, contestĂ©e, remise en cause, voire marginalisĂ©e. Elle est Ă  la fois objet de dĂ©saffection de la part des Ă©tudiants les jeunes, dans presque tous les pays dĂ©veloppĂ©s, se destinent de moins en moins aux Ă©tudes scientifiques, de mĂ©connaissance effective dans la sociĂ©tĂ© nous devons bien reconnaĂźtre que collectivement, nous ne savons pas trop bien ce qu’est la radioactivitĂ©, en quoi consiste un OGM, ce que sont et oĂč se trouvent les quarks, ce qu’implique la thĂ©orie de la relativitĂ© et ce que dirait l’équation E = mc2 si elle pouvait parler, et, enfin et surtout, elle subit toutes sortes d’attaques, d’ordre philosophique ou politique. 6La plus importante de ces attaques me semble ĂȘtre le relativisme radical » cette Ă©cole philosophique ou sociologique dĂ©fend l’idĂ©e que la science a pris le pouvoir non parce qu’elle aurait un lien privilĂ©giĂ© avec le vrai », mais en usant et abusant d’arguments d’autoritĂ©. En somme, il ne faudrait pas croire Ă  la science plus qu’à n’importe quelle autre dĂ©marche de connaissance. Monsieur, personnellement, je ne suis pas d’accord avec Einstein
 »7Une anecdote m’a permis de prendre conscience de cette Ă©volution. RĂ©cemment, j’ai eu l’occasion de donner un cours de relativitĂ© et non de relativisme
 Ă  de futurs ingĂ©nieurs. Alors que je venais d’effectuer un calcul montrant que la durĂ©e d’un phĂ©nomĂšne dĂ©pend de la vitesse de l’observateur, un Ă©tudiant prit la parole Monsieur, personnellement, je ne suis pas d’accord avec Einstein ! » J’imaginai qu’il allait dĂ©fendre une thĂ©orie alternative, ou bien rĂ©inventer l’éther luminifĂšre, en tout cas qu’il allait argumenter. Mais il se contenta de dire Je ne crois pas Ă  cette relativitĂ© des durĂ©es que vous venez de dĂ©montrer, parce que je ne la
 sens pas ! » LĂ , j’avoue, j’ai Ă©prouvĂ© une sorte de choc ce jeune homme qui n’avait certainement pas lu Einstein avait suffisamment confiance dans son ressenti » personnel pour s’autoriser Ă  contester un rĂ©sultat qu’un siĂšcle d’expĂ©riences innombrables avait cautionnĂ©. Je dĂ©couvris Ă  cette occasion que lorsqu’elle se transforme en alliĂ©e objective du narcissisme, la subjectivitĂ© semble avoir du mal Ă  s’incliner devant ce qui a Ă©tĂ© objectivĂ© si ce qui a Ă©tĂ© objectivĂ© la dĂ©range ou lui dĂ©plaĂźt. 8On ne saurait donner Ă  cette anecdote une portĂ©e gĂ©nĂ©rale, mais elle me semble tout de mĂȘme indicatrice d’un changement de climat culturel qui explique au passage la facilitĂ© dĂ©concertante avec laquelle a pu se dĂ©velopper en France la vraie-fausse controverse sur le changement climatique. Aujourd’hui, notre sociĂ©tĂ© semble en effet parcourue par deux courants de pensĂ©e apparemment contradictoires. D’une part, on y trouve un attachement intense Ă  la vĂ©racitĂ©, un souci de ne pas se laisser tromper, une dĂ©termination Ă  crever les apparences pour atteindre les motivations rĂ©elles qui se cachent derriĂšre, bref une attitude de dĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Mais Ă  cĂŽtĂ© de ce dĂ©sir de vĂ©racitĂ©, de ce refus d’ĂȘtre dupe, il existe une dĂ©fiance tout aussi grande Ă  l’égard de la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme la vĂ©ritĂ© existe-t-elle ?, se demande-t-on. Si oui, peut-elle ĂȘtre autrement que relative, subjective, culturelle ? Ce qui est troublant, c’est que ces deux attitudes, l’attachement Ă  la vĂ©racitĂ© et la suspicion Ă  l’égard de la vĂ©ritĂ©, qui devraient s’exclure mutuellement, se rĂ©vĂšlent en pratique parfaitement compatibles. Elles sont mĂȘme mĂ©caniquement liĂ©es, puisque le dĂ©sir de vĂ©racitĂ© suffit Ă  enclencher au sein de la sociĂ©tĂ© un processus critique qui vient ensuite fragiliser l’assurance qu’il y aurait des vĂ©ritĂ©s sĂ»res [1]. 9Le fait que l’exigence de vĂ©racitĂ© et le dĂ©ni de vĂ©ritĂ© aillent de pair ne veut toutefois pas dire que ces deux attitudes fassent bon mĂ©nage. Car si vous ne croyez pas Ă  l’existence de la vĂ©ritĂ©, quelle cause votre dĂ©sir de vĂ©racitĂ© servira-t-il ? Ou – pour le dire autrement – en recherchant la vĂ©racitĂ©, Ă  quelle vĂ©ritĂ© ĂȘtes-vous censĂ© ĂȘtre fidĂšle ? Il ne s’agit pas lĂ  d’une difficultĂ© seulement abstraite ni simplement d’un paradoxe cette situation entraĂźne des consĂ©quences concrĂštes dans la citĂ© rĂ©elle et vient nous avertir qu’il y a un risque que certaines de nos activitĂ©s intellectuelles en viennent Ă  se dĂ©sintĂ©grer. 10GrĂące Ă  la sympathie intellectuelle quasi spontanĂ©e dont elles bĂ©nĂ©ficient, les doctrines relativistes contribuent Ă  une forme d’illettrisme scientifique d’autant plus pernicieuse que celle-ci avance inconsciente d’elle-mĂȘme. Au demeurant, pourquoi ces doctrines sĂ©duisent-elles tant ? Sans doute parce que, interprĂ©tĂ©es comme une remise en cause des prĂ©tentions de la science, un antidote Ă  l’arrogance des scientifiques, elles semblent nourrir un soupçon qui se gĂ©nĂ©ralise, celui de l’imposture Finalement, en science comme ailleurs tout est relatif. » Ce soupçon lĂ©gitime une forme de dĂ©sinvolture intellectuelle, de paresse systĂ©matique, et procure mĂȘme une sorte de soulagement dĂšs lors que la science produit des discours qui n’auraient pas plus de vĂ©racitĂ© que les autres, pourquoi faudrait-il s’échiner Ă  vouloir les comprendre, Ă  se les approprier ? Il fait beau n’a-t-on pas mieux Ă  faire qu’apprendre sĂ©rieusement la physique, la biologie ou les statistiques ? 11En 1905, Henri PoincarĂ© publiait un livre intitulĂ© La valeur de la science. Un siĂšcle plus tard, cette valeur de la science semble de plus en plus contestĂ©e, non pas seulement par les philosophes d’inspiration subjectiviste ou spiritualiste, toujours prompts Ă  exploiter ce qui ressemble de prĂšs ou de loin Ă  une crise » de la science, mais aussi par une partie de l’opinion. Dans cette mĂ©fiance Ă  l’égard du mode de pensĂ©e scientifique, peut-ĂȘtre faut-il lire une sorte de pusillanimitĂ© Ă  l’égard de la vĂ©ritĂ© et de ses consĂ©quences. On se souvient de ce que Musil disait d’Ulrich, le personnage principal de L’Homme sans qualitĂ©s, dont on devine qu’il aurait sans doute jetĂ© un regard sĂ©vĂšre sur nos façons de penser Pendant des annĂ©es, Ulrich avait aimĂ© la privation spirituelle. Il haĂŻssait les hommes incapables, selon le mot de Nietzsche, “de souffrir la faim de l’ñme par amour de la vĂ©ritĂ©â€ ; ceux qui ne vont pas jusqu’au bout, les timides, les douillets, ceux qui consolent leur Ăąme avec des radotages sur l’ñme et la nourrissent, sous prĂ©texte que l’intelligence lui donne des pierres au lieu de lui donner du pain, de sentiments qui ressemblent Ă  des petits pains trempĂ©s dans du lait. [2] »La science dit-elle le vrai » ?12EngagĂ©s dans une altercation sĂ©culaire, le doute et la certitude forment un couple turbulent mais insĂ©parable, dont les aventures taraudent la rĂ©flexion europĂ©enne depuis ses dĂ©buts le partage entre ce que l’on sait et ce que l’on croit savoir n’a pas cessĂ© de hanter les philosophes, et, de Socrate Ă  Wittgenstein en passant par Pyrrhon et Descartes, les critĂšres du vrai n’ont cessĂ© d’ĂȘtre auscultĂ©s et discutĂ©s. Ce qui est certain, est-ce ce qui a rĂ©sistĂ© Ă  tous les doutes ? Ou bien est-ce ce dont on ne peut pas imaginer de douter ? La vĂ©ritĂ© plane-t-elle au-dessus du monde ou est-elle dĂ©posĂ©e dans les choses et dans les faits ? Peut-on faire confiance Ă  la science pour aller l’y chercher ? 13Ces questions constituent d’inusables sujets de dissertation, ce qui ne les empĂȘche d’avoir une brĂ»lante actualitĂ© l’air du temps accuse dĂ©sormais la science d’ĂȘtre un rĂ©cit parmi d’autres et l’invite Ă  davantage de modestie, parfois mĂȘme Ă  rentrer dans le rang ». 14Mais dans le mĂȘme temps et c’est ce qui Ă©claire d’une autre maniĂšre l’ambivalence de la situation, les discours scientifiques aux accents triomphalistes prolifĂšrent une certaine biologie prĂ©tend bientĂŽt nous dire de façon intĂ©grale et dĂ©finitive ce qu’il en est vraiment de la vie ; et rĂ©guliĂšrement, des physiciens thĂ©oriciens aux allures de cadre supĂ©rieur de chez MĂ©phistophĂ©lĂšs affirment qu’ils sont en passe de dĂ©couvrir la ThĂ©orie du Tout » qui permettra une description Ă  la fois exacte et totalisante de ce qui est. Le physicien amĂ©ricain Brian Greene, par exemple, dĂ©clare attendre de la thĂ©orie des supercordes, actuellement Ă  l’ébauche, qu’elle dĂ©voile le mystĂšre des vĂ©ritĂ©s les plus fondamentales de notre Univers [3] ». Quant Ă  Stephen Hawking, il concluait l’un de ses livres par ces mots incroyables Si nous parvenons vraiment Ă  dĂ©couvrir une thĂ©orie unificatrice, elle devrait avec le temps ĂȘtre comprĂ©hensible par tout le monde dans ses grands principes, pas seulement par une poignĂ©e de savants. Philosophes, scientifiques et personnes ordinaires, tous seront capables de prendre part Ă  la discussion sur le pourquoi de notre existence et de notre univers. Et si nous trouvions un jour la rĂ©ponse, ce sera le triomphe de la raison humaine, qui nous permettrait alors de connaĂźtre la pensĂ©e de Dieu. [4] » La pensĂ©e de Dieu ? Bigre ! Comme s’il allait de soi que Dieu pense », et qu’une Ă©quation pourrait nous dire ce qu’Il pense
 15Aujourd’hui, s’agissant de sa capacitĂ© Ă  saisir la vĂ©ritĂ© des choses, la science se trouve manifestement tiraillĂ©e entre l’excĂšs de modestie et l’excĂšs d’enthousiasme. 16La vĂ©ritĂ©, un idĂ©al rĂ©gulateur ». – Einstein expliquait sa motivation inoxydable par son besoin irrĂ©sistible de s’évader hors de la vie quotidienne, de sa douloureuse grossiĂšretĂ© et de sa dĂ©solante monotonie [5] », et d’espĂ©rer ainsi dĂ©couvrir des vĂ©ritĂ©s scientifiques ». DĂ©tourner les chercheurs de cet idĂ©al rĂ©gulateur, de cette force motrice, reviendrait Ă  dĂ©tendre les ressorts de leur engagement, de leur volontĂ©, de leur motivation. Pour espĂ©rer avancer, ils doivent impĂ©rativement croire sinon Ă  l’accessibilitĂ© de la vĂ©ritĂ©, du moins Ă  la possibilitĂ© de dĂ©masquer les contre-vĂ©ritĂ©s. Et sans doute doivent-ils aussi adhĂ©rer implicitement Ă  une conception modĂ©rĂ©ment optimiste, selon laquelle la vĂ©ritĂ©, dĂšs lors qu’elle est dĂ©voilĂ©e, peut-ĂȘtre reconnue comme telle ; et, si elle ne se rĂ©vĂšle pas d’elle-mĂȘme, croire qu’il suffit d’appliquer la mĂ©thode scientifique pour finir par s’en approcher, voire la dĂ©couvrir personne ne veut passer sa vie Ă  effectuer un travail Ă  la Sisyphe. 17Pareille attitude, assez rĂ©pandue, ne signifie nullement que les chercheurs puissent trouver la vĂ©ritĂ©, mais au moins qu’ils la cherchent. Et s’ils la cherchent, c’est qu’ils ne l’ont pas encore trouvĂ©e. D’oĂč leurs airs tantĂŽt arrogants parce qu’à force de chercher, ils obtiennent des rĂ©sultats, font des dĂ©couvertes, accroissent leurs connaissances, tantĂŽt humbles parce que, du fait qu’ils continuent de chercher, ils ne peuvent jamais prĂ©tendre avoir bouclĂ© leur affaire. Dans son Ă©lan mĂȘme, l’activitĂ© scientifique a donc partie liĂ©e avec l’idĂ©e de vĂ©ritĂ© c’est bien elle qu’elle vise plutĂŽt que l’erreur. Pour autant, le lien science-vĂ©ritĂ© est-il exclusif ? La science a-t-elle le monopole absolu du vrai » ? Serait-elle la seule activitĂ© humaine qui soit indĂ©pendante de nos affects, de notre culture, de nos grands partis pris fondateurs, du caractĂšre contextuel de nos systĂšmes de pensĂ©e ? Tel semble ĂȘtre le grand dĂ©bat d’aujourd’hui. 18Quelques-unes des thĂšses en prĂ©sence. – Certains soutiennent qu’il n’y a pas d’autre saisie objective du monde que la conception scientifique le monde ne serait rien de plus que ce que la science en dit ; avec leur symbolisme purifiĂ© des scories des langues historiques, les Ă©noncĂ©s scientifiques dĂ©crivent le rĂ©el ; les autres Ă©noncĂ©s, qu’ils soient mĂ©taphysiques, thĂ©ologiques ou poĂ©tiques, ne font qu’exprimer des Ă©motions ; bien sĂ»r, cela est parfaitement lĂ©gitime, et mĂȘme nĂ©cessaire, mais il ne faut pas confondre les ordres. 19Aux antipodes de cette conception positiviste, d’autres considĂšrent que la vĂ©ritĂ© est surtout un mot creux, une pure convention. Elle ne saurait donc ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une norme de l’enquĂȘte scientifique, et encore moins comme le but ultime des recherches. Certains sociologues des sciences ont ainsi pu prĂ©tendre que les thĂ©ories scientifiques tenues pour vraies » ou fausses » ne l’étaient pas en raison de leur adĂ©quation ou inadĂ©quation avec des donnĂ©es expĂ©rimentales, mais seulement en vertu d’intĂ©rĂȘts purement sociologiques [6]
 En clair, il faudrait considĂ©rer que toutes nos connaissances sont conventionnelles et artificielles, donc gommer l’idĂ©e qu’elles pourraient avoir le moindre lien avec la rĂ©alitĂ©. 20Ces auteurs dĂ©noncent Ă©galement l’idĂ©ologie de l’objectivitĂ© scientifique, arguant que les chercheurs sont des gens partisans, intĂ©ressĂ©s, et que leurs jugements sont affectĂ©s par leur condition sociale, leurs ambitions ou leurs croyances. Selon eux, l’objectivitĂ© de la science devrait nĂ©cessairement impliquer l’impartialitĂ© individuelle des scientifiques eux-mĂȘmes elle serait une sorte de point de vue de nulle part, situĂ© au-dessus des passions, des intuitions et des prĂ©jugĂ©s. Or, avancent-ils, la plupart du temps, les chercheurs ne sont pas impartiaux. Par exemple, ils ne montrent guĂšre d’empressement Ă  mettre en avant les faiblesses de leurs thĂ©ories ou de leurs raisonnements. L’esprit scientifique, au sens idĂ©al du terme, serait donc introuvable, et la prĂ©tendue objectivitĂ© de la science ne serait que la couverture idĂ©ologique de rapports de forces dans lesquels la nature n’a pas vraiment son mot Ă  dire. Tout serait créé, et en dĂ©finitive, la physique en dirait moins sur la nature que sur les physiciens. 21La meilleure parade contre ce genre de raisonnements consiste sans doute Ă  faire remarquer que si l’objectivitĂ© de la science Ă©tait entiĂšrement fondĂ©e sur l’impartialitĂ© ou l’objectivitĂ© de chaque scientifique, nous devrions lui dire adieu. Nous vivons tous dans un ocĂ©an de prĂ©jugĂ©s et les scientifiques n’échappent pas Ă  la rĂšgle. S’ils parviennent Ă  se dĂ©faire de certains prĂ©jugĂ©s dans leur domaine de compĂ©tence, ce n’est donc pas en se purifiant l’esprit par une cure de dĂ©sintĂ©ressement. C’est plutĂŽt en adoptant une mĂ©thode critique qui permet de rĂ©soudre les problĂšmes grĂące Ă  de multiples conjectures et tentatives de rĂ©futation, au sein d’un environnement institutionnel qui favorise ce que Karl Popper appelait la coopĂ©ration amicalement hostile des citoyens de la communautĂ© du savoir ». Si consensus il finit par y avoir, celui-ci n’est donc jamais atteint qu’à la suite d’un dĂ©bat contradictoire ouvert. Ce consensus n’est pas lui-mĂȘme un critĂšre absolu de vĂ©ritĂ©, mais le constat de ce qui est, Ă  un moment donnĂ© de l’histoire, acceptĂ© par la majoritĂ© d’une communautĂ© comme une thĂ©orie susceptible d’ĂȘtre vraie. 22N’y a-t-il pas en outre quelque chose de bancal dans l’argumentation des relativistes les plus radicaux ? Car contrairement Ă  ce qui se passe avec l’histoire – oĂč la contestation de l’histoire officielle doit elle-mĂȘme s’appuyer sur l’histoire, c’est-Ă -dire sur de nouvelles donnĂ©es historiques – les dĂ©nonciations des sciences exactes ne se basent jamais sur des arguments relevant des sciences exactes. Elles s’appuient toujours sur l’idĂ©e Ă©tonnante qu’une certaine sociologie des sciences serait mieux placĂ©e pour dire la vĂ©ritĂ© des sciences que les sciences ne le sont pour dire la vĂ©ritĂ© du monde
 En somme, il faudrait se convaincre que la vĂ©ritĂ© n’existe pas, sauf lorsqu’elle sort de la bouche des sociologues des sciences qui disent qu’elle n’existe pas
 23Certes, nul n’ignore que, par exemple, des intĂ©rĂȘts militaires ont contribuĂ© Ă  l’essor de la physique nuclĂ©aire. Cela relĂšve d’ailleurs de la plus parfaite Ă©vidence la pĂ©riphĂ©rie de la science et son contexte social influencent son dĂ©veloppement. Mais de lĂ  Ă  en dĂ©duire que de tels intĂ©rĂȘts dĂ©termineraient, Ă  eux seuls, le contenu mĂȘme des connaissances scientifiques, il y a un pas qui me semble intellectuellement infranchissable. Car si tel Ă©tait le cas, on devrait pouvoir montrer que nos connaissances en physique nuclĂ©aire exprimeraient, d’une maniĂšre ou d’une autre, un intĂ©rĂȘt militaire ou gĂ©opolitique. Or, si l’humanitĂ© dĂ©cidait un jour de se dĂ©barrasser de toutes ses armes nuclĂ©aires, il est peu probable que cette dĂ©cision changerait ipso facto les mĂ©canismes de la fission de l’uranium ou du plutonium
L’efficacitĂ© de la science tiendrait-elle du miracle ?24Si l’atome et la physique quantique, pour ne prendre que ces deux exemples, n’étaient que de simples constructions sociales, il faudrait aussi expliquer par quelle succession de miracles » – oui, c’est le mot – on a pu parvenir Ă  concevoir des lasers. Si les lasers existent et fonctionnent, n’est-ce pas l’indice qu’il y a un peu de vrai » dans les thĂ©ories physiques Ă  partir desquelles on a pu les concevoir, de vrai » avec autant de guillemets que l’on voudra et un v » aussi minuscule qu’on le souhaitera ? En dĂ©finitive, le fait que les lasers fonctionnent n’est-il pas la preuve rĂ©trospective que Planck, Einstein et les autres avaient bel et bien compris deux ou trois choses non seulement Ă  propos d’eux-mĂȘmes ou de leur culture, mais – osons le dire – Ă  propos des interactions entre la lumiĂšre et la matiĂšre ? 25La sociologie des sciences a certainement raison d’insister sur l’importance du contexte dans la façon dont la science se construit. Mais faut-il tirer de ce constat, au bout du compte, des conclusions aussi relativistes que certaines des siennes ? Il est permis d’en douter. Car il serait difficile d’expliquer d’oĂč vient que les thĂ©ories physiques, telles la physique quantique ou la thĂ©orie de la relativitĂ©, marchent » si bien si elles ne disent absolument rien de vrai. Comment pourraient-elles permettre de faire des prĂ©dictions aussi merveilleusement prĂ©cises si elles n’étaient pas d’assez bonnes reprĂ©sentations de ce qui est ce serait trop dire cependant que d’en dĂ©duire qu’elles ne peuvent dĂšs lors qu’ĂȘtre vraies. En la matiĂšre, le miracle – l’heureuse coĂŻncidence – est trĂšs peu plausible. Mieux vaut donc expliquer le succĂšs prĂ©dictif des thĂ©ories physiques nous parlons ici de celles qui n’ont jamais Ă©tĂ© dĂ©menties par l’expĂ©rience en supposant qu’elles nous parlent de la nature, et qu’elles arrivent Ă  se rĂ©fĂ©rer, plus ou moins bien, Ă  cette rĂ©alitĂ©-lĂ . Et que, sans arguments complĂ©mentaires, nos affects, nos prĂ©jugĂ©s, nos intuitions ne sont guĂšre en mesure de les contester sur leur terrain de jeu. 26Reste bien sĂ»r que les sciences ne traitent vraiment bien que des questions
 scientifiques. Or celles-ci ne recouvrent pas l’ensemble des questions qui se posent Ă  nous. Du coup, l’universel que les sciences mettent au jour est, par essence, incomplet il n’aide guĂšre Ă  trancher les questions qui restent en dehors de leur champ. En particulier, il ne permet pas de mieux penser l’amour, la libertĂ©, la justice, les valeurs en gĂ©nĂ©ral, le sens qu’il convient d’accorder Ă  nos vies. L’universel que produisent les sciences ne dĂ©finit pas davantage la vie telle que nous aimerions ou devrions la vivre, ni ne renseigne sur le sens d’une existence humaine comment vivre ensemble ? Comment se tenir droit et au nom de quoi le faire ? De telles questions sont certes Ă©clairĂ©es par la science, et mĂȘme modifiĂ©es par elle – un homme qui sait que son espĂšce n’a pas cessĂ© d’évoluer et que l’univers est vieux d’au moins 13,7 milliards d’annĂ©es ne se pense pas de la mĂȘme façon qu’un autre qui croit dur comme fer qu’il a Ă©tĂ© créé tel quel en six jours dans un univers qui n’aurait que six mille ans –, mais leur rĂ©solution ne peut se faire qu’au-delĂ  de son horizon. Notes [*] Physicien, Directeur de recherche au CEA. [1] On trouvera une excellente analyse de ce paradoxe dans l’ouvrage de Bernard Williams, VĂ©ritĂ© et vĂ©racitĂ©, NRF Essais, Gallimard, 2006. [2] Robert Musil, L’Homme sans qualitĂ©s, traduit par Philippe Jaccottet, Seuil, vol. I, 2004, chap. XIII, p. 67-68. [3] Brian Greene, L’Univers Ă©lĂ©gant, trad. C. Laroche, Paris, Robert Laffont, 2000, p. 37. [4] Stephen Hawking, Une brĂšve histoire du temps, trad. I. Naddeo-Souriau, Paris, Flammarion, 1989, p. 213. [5] Albert Einstein, Autoportrait, Inter-Editions, 1980, p. 86. [6] Steven Shapin et Simon Schaffer Ă©crivent par exemple ceci En reconnaissant le caractĂšre conventionnel et artificiel de toutes nos connaissances, nous ne pouvons faire autrement que de rĂ©aliser que c’est nous-mĂȘmes, et non la rĂ©alitĂ©, qui sommes Ă  l’origine de ce que nous savons » LĂ©viathan et la pompe Ă  air. Hobbes et Boyle entre science et politique, tr. Thierry PiĂ©lat, Paris, Éditions La DĂ©couverte, 1993, p. 344.
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  • la vraie science est une ignorance qui se sait